Notre N°185 est allé sous presse à la date du 9 mars, avec cette conclusion de notre Édito sur le Coronavirus datée du 5 mars:
Le risque est bien du développement d’une pandémie mondiale selon l’OMS. C’est le moment ou jamais de lire ou de relire La Peste d’Albert Camus.
Notre analyse, déjà assez détaillée du développement du fléau et de ses conséquences immédiates (fermeture provisoire du Louvre, risque d’abstention élevée au premier tour des municipales..) étaient bien loin de la réalité qui allait nous heurter de plein fouet.
Moins de quinze jours plus tard, le monde entier mesure l’ampleur de la pandémie qui l’avait atteint.
Elle avait débuté deux mois plus tôt en Chine, début janvier. Ici nous étions tous médusés devant ces images d’immenses villes de dizaines de millions d’habitants (Wuhan) vides de toute circulation, leurs habitants cloîtrés dans leurs tours ; quelques ressortissants dans les rues, masqués, faisant les courses indispensables pour ravitailler familles et voisins en vivres et médicaments et assurer la propreté des immeubles. Nous étions pour la plupart interloqués. Quelques uns se gaussaient. C’était oublier que la Chine est la plus ancienne de toutes les civilisations contemporaines et s’est continuellement adaptée aux changements séculaires sous ses dynasties successives.
Et maintenant on découvre que c’est tout l’Hémisphère Nord qui est touché : Corée, Japon, Proche et Moyen Orient, puis l’Europe avec l’Italie qui commence par confiner sa région nord avant d’étendre le confinement à toute la péninsule ; l’Espagne puis la France et maintenant le reste de l’Europe, Royaume Uni compris – le Brexit passe bien à l’arrière-plan. Les États-Unis, qui s’étaient un temps cru épargnés, ont très vite été profondément touchés.
Nous ignorons encore l’impact sur l’Hémisphère Sud, quand et dans quelle mesure il sera touché, mais il est significatif que plusieurs de ses pays ont déjà imposé la quarantaine aux voyageurs débarquant chez eux.
Les transports internationaux sont réduits dans des proportions inimaginables au point que de nombreuses compagnies aériennes seront acculées à la faillite.
Les mesures les plus spectaculaires sont la fermeture des lieux d’enseignement, jusqu’aux universités, l’interruption des offices dans les lieux de culte – églises, mosquées, synagogues – la fermeture des cafés, restaurants et lieux de spectacle, le confinement des particuliers à domicile, pour limiter au maximum la propagation du virus, afin de ne pas risquer de faire peser sur les hôpitaux et tout le système de soins une charge impossible à gérer.
Les conséquences économiques de ces mesures sont immédiates : fermeture de commerces, de restaurants, d’hôtels, mais aussi d’usines de construction automobile ou de téléphones portables (Apple par exemple) dont les chaines internationales de fabrication – avec des chainons majeurs en Chine – sont coupées.
Les conséquences personnelles sont évidentes : pertes d’emploi pour les salariés, perte de chiffre d’affaires pour les indépendants et donc pertes de revenus importantes pour la plupart de la population. Plusieurs de nos gouvernements européens, dont la France, ont pris la mesure de l’impact économique sur tous nos concitoyens et sagement décidé de compenser, « quoiqu’il en coûte », ces pertes de ressources. Il s’agit de soulager le choc immédiat sur chacun de nos concitoyens mais aussi de maintenir en vie des centaines de milliers d’entreprises afin qu’elles puissent reprendre leur activité avec leur capital humain intact, à l’issue de la crise. On retrouvera des niveaux d’endettement public jamais connus depuis la deuxième guerre mondiale, mais cette pandémie est bien une guerre et tout doit être mis en œuvre pour la gagner.
L’action des pouvoirs publics est indispensable mais nullement suffisante. Elle doit s’accompagner de l’engagement sans réserve de nous tous, chacun venant en aide aux autres, à la mesure de ses moyens, faisant des courses pour nos voisins malades, seuls, âgés, contactant régulièrement parents, familles, amis proches ou lointains, par téléphone, SMS, internet…
Le devoir aussi pour chacun de garder un bon moral, par la lecture, la musique, la prière et la méditation et de pas se laisser gangrené par la peur.
Les enfants d’Abraham ont dans les textes et les pratiques de leurs trois familles les ressources spirituelles sur lesquels s’appuyer pour conserver cet état d’esprit d’amour du prochain, cet altruisme, cette Fraternité qui est aussi notre devise républicaine.
Cette épreuve peut nous amener à devenir une société plus fraternelle.
A l’échelle de chacune de nos sociétés nationales, mais aussi de toute l’humanité.
Edmond A. Lisle
Président, Fraternité d’Abraham
19 mars 2019
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