SOIXANTE ANS DE GUERRES AU PROCHE ORIENT
À l’issue de la « Guerre d’indépendance d’Israël » (la Nakba palestinienne) en 1948-49, aucun traité de paix ne fut conclu qui aurait pu régler les problèmes nés du conflit. Il fallut attendre trois autres guerres, celle de Suez en 1956, celle des « Six Jours » de 1967 puis celle de « Kippour » de 1973 pour qu’un traité de paix soit conclu entre Israël et l’Egypte, d’une part, et Israël et la Jordanie d’au- tre part, grâce à la clairvoyance de leurs dirigeants respectifs, le Président Anouar al Sadate et le Roi Hussein de Jordanie – moyennant aussi une certaine pression américaine sur les deux parties.
Le conflit entre les états arabes et Israël, devenu un conflit Israël/Palestine, est l’un des plus anciens et des plus médiatisés des conflits de la région mais certainement ni le plus violent ni le plus meurtrier.
Le 24 décembre 1979 l’URSS envahissait l’Afghanistan pour soutenir un régi- me vassal et prévenir des mouvements indépendantistes endémiques dans les républiques du Caucase. Mal lui en prit : dix ans plus tard (1989) et après avoir subi 15 000 tués et 55 000 blessés militaires, sous l’impulsion de Mikhail Gorbatchev l’URSS se retirait de ce «Vietnam» soviétique. Si les pertes militaires étaient relativement faibles, la guerre avait pesé très lourdement sur l’économie soviétique déjà fragilisée par la concurrence en missiles balistiques avec les États-Unis. Cette guerre avait aussi valu à l’URSS le boycott des Jeux Olympiques de Moscou en 1980. Les États-Unis avaient largement contribué à cette défaite en armant, notamment de missiles sol-air Stinger, les opposants afghans, les « moudjahidines » – qui allaient engendrer Al Qaida. Oussama Ben Laden, fondateur de cette organisation, aurait même été formé par la CIA. Les pertes afghanes étaient infiniment supérieures aux russes : 1 240 000 morts, majoritairement des civils et 4 millions de personnes déplacées.
L’URSS, devenue la Fédération de Russie, s’est trouvée par la suite enlisée dans un conflit avec ses provinces musulmanes du Caucase: première guerre de Tchétchénie, décembre 1994-août 1996 se terminant par la destruction de Grozhny ; deuxième guerre de Tchétchénie 26 août 1999 lancée par la Fédération de Russie en réponse à l’invasion du Dagestan par la Brigade Islamique Internationale. Le terrorisme s’exporte en Russie – 2002 : prise d’otages dans un théâtre à Moscou ; le 1er septembre 2004, prise d’otages dans une école à Baslan : 334 morts dont 186 enfants ; 2010 : bombes dans le métro de Moscou : ici encore des dizaines de morts.
En 2001, la Fédération de Russie et ses voisins d’Asie, la Chine, le Kazakhstan, le Kirkhizstan, l’Ouzbekistan et le Tadjikistan, créent l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) en y admettant cinq pays observateurs, l’Iran, la Mongolie, l’Inde, le Pakistan et l’Afghanistan. Le secrétariat est à Pékin. Le but est de préciser puis d’assurer l’intangibilité des frontières entre les pays membres, de favoriser la coopération entre ces états dans tous les domaines (politique, économique, commercial, culturel et éducatif, scientifique et technique), de sauvegarder la paix et la stabilité régionale, mais aussi de se doter d’une structure permanente anti-terroriste régionale, la RATS (Regional AntiTerrorist Structure) installée à Tachkent. Aucun des pays membres, à commencer par la Russie et la Chine, ne veulent voir des mouvements extrémistes semer le trouble auprès de leurs minorités ethniques.
En 1979, le Shah d’Iran avait été renversé et la République islamique (chiite) d’Iran était proclamée par l’Ayatollah Khomeiny qui venait de quitter son exil de Neauphle-le-Château. Dès 1980 il appelait les Irakiens à renverser leur Président Saddam Hussein (baasiste, c’est à dire « laïque » mais de confession sunnite) et à le remplacer par une république islamique. Le 4 novembre 1979 des étudiants iraniens envahissaient l’ambassade des États-Unis à Téhéran et prenaient 52 Américains en otages qu’ils allaient retenir pendant 444 jours, mal- gré une tentative de libération aéroportée qui échoua.
Devant la menace que représentait l’Iran, Saddam Hussein attaqua son voisin le 22 septembre 1980, avec le soutien de l’URSS, des États-Unis, du Royaume- Uni et de la France. La guerre Irak-Iran fut d’une rare violence avec notamment l’emploi de gaz par les Irakiens et se termina par la victoire de l’Iran en juillet 1988 et un retour au statu quo ante (Résolution 598 du Conseil de sécurité des Nations Unies). La guerre avait coûté près d’un million de morts iraniens et 200 000 côté irakien. C’était la première « Guerre du Golfe ». Depuis la crise des otages, les relations USA-Iran étaient restées détestables. Elles s’étaient aggravées avec la destruction le 3 juillet 1988, peu avant la fin de la première Guerre du Golfe, d’un Airbus civil iranien par un navire de guerre américain, l’USS Vincennes, faisant 290 victimes. Beaucoup plus tard le gouvernement américain reconnut une « bavure » regrettable due au conflit et indemnisa les ayant-droits des victimes. À partir de 2002, les États-Unis soupçonnèrent le régime iranien de vouloir se doter de l’arme nucléaire.
Économiquement ruiné par la guerre avec l’Iran, Saddam Hussein envahit le riche état pétrolier voisin, le Koweït, en 1990, déclenchant la seconde « Guerre du Golfe ». Du 2 août 1990 au 28 février 1991 l’opération « Tempête du Désert » lancée sous couvert des Nations Unies par une coalition de pays occidentaux et de pays arabes, les États-Unis en tête, refoula l’invasion du Koweït par l’Irak et rétablit le statu quo ante, mais n’alla pas jusqu’à renverser Saddam Hussein.
Pendant ce temps, de 1989 à 1996, l’Afghanistan était ravagée par des guerres civiles opposant les diverses tribus composant le pays mais progressivement les Talibans s’imposèrent sur la majeure partie du territoire. Ils s’y distinguèrent par un degré élevé d’extrémisme religieux, soumettant les femmes et leur inter- disant l’accès à l’éducation. Le dynamitage de deux anciennes statues de Bouddha à Bamiyan en mars 2001 annonçait de futures violences en chaine à l’égard de tous les « infidèles ». Ils hébergèrent l’organisation terroriste Al-Qaïda, qui allait lancer des actions terroristes dans plusieurs pays occidentaux dont la plus célèbre sera le 11 septembre 2001. Il sera suivi de l’attentat de Madrid le 11 mars 2004 où des islamistes marocains posent 13 bombes (dont 10 explosent) dans des sacs à dos laissés dans des trains de la capitale espagnole. Bilan : 200 morts et 1 400 blessés. À Londres le 7 juillet 2005, quatre kamikazes islamistes de nationalité britannique se font sauter dans des bus et des rames de métro, faisant 52 morts et 700 blessés.
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