La bonne référence pour ouvrir cette rubrique c’est « Le Journal d’Anne Franck » cette adolescente confinée dans un appartement clandestin d’Amsterdam de juillet 1942 à août 1944 (née en 1929 à Franfurt am Main en 1929, elle avait 13 ans en 1942). Juive, sa famille s’était réfugiée aux Pays-Bas avant la guerre pour fuir le nazisme. Dès l’occupation et la persécution des juifs en 1940, sa famille s’était cloîtrée dans une mansarde en haut d’un immeuble industriel. Dénoncée en 1944, la famille a été déportée à Bergen-Belsen, où Anne est décédée du typhus en mars 1945. Le père, seul survivant de la famille, trouva les carnets de sa fille à son retour et les publia. Ces carnets, l’un des grands témoignages de la Shoah, ont été traduits dans un grand nombre de langues et sont l’un des ouvrages les plus lus dans le monde.
Les réflexions au quotidien de cette adolescente dénotent à la fois une soif et une joie de vivre mais aussi une profondeur de pensée qui sont une inspiration pour tous.
Au début du mois de mars, nous avions recommandé la lecture – ou relecture – de « La Peste », d’Albert Camus.
Aujourd’hui, c’est Anne Franck que nous évoquons pour ouvrir cette rubrique au cours de laquelle nous réfléchirons sur notre existence au quotidien au cours de cette pandémie qui touche désormais le monde entier.
Avouons-le : nous avons tous été pris de court, en Occident, lorsque le virus fut reconnu en Chine en janvier (il s’était sans doute déclaré dès le mois de décembre peut-être même avant, mais à l’époque les lanceurs d’alerte avaient été rappelés à l’ordre pour diffusion de fausses nouvelles). Le pays s’était ressaisi dès fin janvier, et nous avons tous été surpris par ces provinces et villes entières, de dizaines de millions d’habitants, totalement confinés. Pas une voiture dans les rues et à peine quelques délégués municipaux masqués, quartier par quartier, apportant quotidiennement vivres et médicaments aux habitants de leurs tours d’habitation.
Nous étions médusés, pensant dans notre for intérieur: « c’est ça, la Chine, c’est impensable ici ».
C’était simplement oublier que la Chine aujourd’hui n’est pas seulement la deuxième puissance économique du monde – nous fournissant quantité de biens de consommation et d’équipement indispensables – mais aussi l’une des puissances scientifiques les plus avancées du monde : témoin la 5G de Huawei, qui dépasse tout ce que les Etats Unis peuvent offrir. En biologie et sciences de la vie elle a peu à envier au reste du monde.
Ignorant – ou sous-estimant – à ce point, la Chine, les Occidentaux n’ont nullement pris soin de se prémunir de l’arrivée de cette pandémie chez eux, Proche-Orient et Europe d’abord, Etats Unis et pays de l’hémisphère austral ensuite. Et nous sommes tous pris de court, commençant tout juste à pratiquer, en ce moment avec beaucoup de retard, le confinement qui vise à limiter la propagation de ce nouveau virus, comme la Chine l’avait fait dès fin janvier.
Le symptôme le plus criant de notre naïveté est celui du masque. Unanimement porté dans toute l’Asie comme moyen de protection évident pour le porteur – et pour son entourage au cas où le porteur lui-même serait infecté – le masque a longtemps été décrié comme ‘inutile’ par nos responsables politiques, sauf pour les personnes infectées. A tel point que les responsables de nos super-marchés n’ont pas jugé utile d’en pourvoir leurs caissières : le résultat, aujourd’hui, un premier décès, qui ne restera pas isolé.
Pays après pays, les nations occidentales mettent en œuvre des mesures de confinement, seul moyen éprouvé de freiner la propagation du virus. Tous les pays alignent aussi des moyens financiers importants pour indemniser le nombre fortement croissant de chômeurs, ainsi que les ressources des travailleurs indépendants, afin de maintenir le pouvoir d’achat de toute la population. On va jusqu’à prévoir la nationalisation de grands groupes industriels – les compagnies aériennes notamment qui n’ont plus aucune clientèle, avec l’interruption quasi-totale des liaisons internationales – afin qu’ils puissent redémarrer après la reprise.
La première conséquence majeure de la pandémie, suite à la publication quotidienne par tous les pays du nombre de nouveaux contaminés et de décès, est la montée dramatique de l’anxiété et de l’angoisse de toute la population : anxiété devant la peur d’être à son tour contaminé; angoisse devant l’impuissance générale ressentie devant ce fléau. Non qu’il faille, pour autant, ne plus publier de statistiques. On ne gagne rien à dissimuler la vérité.
Il faut en revanche développer et encourager les mouvements collectifs de solidarité, à l’intérieur de chaque pays et entre pays, tels l’accueil de malades français par des hôpitaux allemands, ou l’accueil par l’ouest de la France, de malades venant de l’Est.
L’autre conséquence majeure, c’est bien la chute brutale de l’activité économique dans tous les pays développés. Et le dilemme pour tous les gouvernements, c’est comment concilier confinement et maintien des activités économiques essentielles, de production et de distribution des produits et services indispensables à la vie même de toute la population. Parmi ces services figurent, en tête, les services médicaux et hospitaliers et parmi les produits, les moyens de protection de tout le personnel médical. Ironie du sort, masques, blouses et appareils respiratoires, sont largement produits en Chine qui commence à nous approvisionner.
Il convient aussi que tous nos pays se concertent mieux pour agir ensemble face à la pandémie et face à la chute de l’activité économique, et n’agissent plus en ordre dispersé, comme nous avons trop tendance à le faire : l’Union Européenne doit ici donner l’exemple.
Un domaine prioritaire de concertation internationale est évidemment celui de la recherche médicale en vue de développer au plus vite un vaccin efficace. La diffusion la plus large des résultats des recherches en cours est ici une nécessité absolue, car c’est par la confrontation systématique de tous les résultats disponibles que l’on pourra parvenir plus rapidement au résultat recherché.
Enfin, un comportement essentiel par ces temps de confinement : la communication et le dialogue avec nos familles et amis, nos voisins, nos proches, au sens biblique de l’injonction : « Tu aimeras ton Prochain comme toi-même ».
Toujours appuyé sur la prière les uns pour les autres inspirée par notre foi et notre espérance.
Écoutons ce message et pratiquons-le. Notre site doit servir aussi à cela.
Nous vous invitons à nous adresser votre vécu personnel, vos observations, vos réflexions, vos propositions pour « l’après » Covid-19, dont la construction doit être engagée dès maintenant, afin que nous les affichions dans ce « Journal des confinés ».
Sans pouvoir évidemment nous engager à publier toute et chacune des contributions, nous nous efforcerons de faciliter au maximum une discussion féconde, dans l’esprit qui anime tous les enfants d’Abraham.
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