Le 3 novembre, le pape François a reçu au Vatican 200 responsables chrétiens, musulmans, juifs, hindouistes ou bouddhistes. En parallèle, un colloque interreligieux s’est tenu dans le cadre de l’Année de la miséricorde. La délégation du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) fut particulièrement remarquée.
Anouar Kbibech, président du Conseil français du culte musulman (CFCM) fut reçu par trois fois : dans un dîner chez l’ambassadeur de France auprès du Saint-Siège, en audition par le pape François, puis à déjeuner chez le cardinal Jean-Louis Tauran, un membre éminent de la curie. Sa rencontre avec le pape fut préparée de longue date par Michel Dubost, l’évêque d’Evry, en charge à l’épiscopat français des relations avec l’islam.
Exhortations du pape François
Au cours de ses discours, le pape François a rappelé, à l’occasion de l’Année pour la miséricorde, que « le thème de la miséricorde est familier à de nombreuses traditions religieuses et culturelles, où la compassion et la non-violence sont essentielles et rappellent le chemin de la vie ».
Le pape a répété, martelé, le rôle naturellement pacifique des religions, qui est parfois dévié et réutilisé pour justifier le pire : « Tristement, il ne se passe pas un jour sans que nous n’entendions parler d’actes de violence, de conflits, d’enlèvements, d’attaques terroristes, d’assassinats et de destructions. C’est horrible que, parfois, pour justifier des actes barbares, le nom de la religion ou le nom de Dieu soit évoqué. (…) Que les religions soient “entrailles de vie”, conduisant la tendresse miséricordieuse de Dieu pour l’humanité blessée et nécessiteuse ; qu’elles soient des portes d’espérance qui aident à traverser les murs érigés par l’orgueil et la peur. »
Non seulement le pape François a condamné toute violence, mais il a demandé aux responsables des différentes religions de faire de même, pour que cessent les amalgames : « Que soient clairement condamnées ces attitudes iniques qui profanent le nom de Dieu et qui polluent la recherche religieuse de l’homme ». Après l’assassinat du père Hamel, le 26 juillet dernier, il avait déclaré (et ce n’était pas la première fois) : « On ne peut pas dire — je crois que cela n’est ni vrai ni juste — que l’islam est terroriste ».
Il a promu les rencontres interreligieuses (« Que soient au contraire encouragées, où que ce soit, la rencontre pacifique entre les croyants, ainsi qu’une réelle liberté religieuse. »). Ce dialogue interreligieux laisse parfois dubitatifs certains extrémistes, tant chrétiens que musulmans. Le cardinal Jean-Louis Tauran est chargé de lancer de nouvelles initiatives à cette fin.
Réactions des responsables du CFCM
« Nous l’avons remercié pour avoir dénoncé à plusieurs reprises l’amalgame entre islam et terrorisme et pour la clarté de son appel à la fraternité, à l’unité, à l’amour après les attentats » commis en France ces derniers mois, déclare le secrétaire général du CFCM, Abdallah Zekri.
« Nous l’avons remercié au nom des musulmans de France qui sont très attachés aux prises de position du pape. Il a une place très importante dans leur cœur », précise Anouar Kbibech. « Nous l’avons aussi invité à venir rencontrer les musulmans quand il viendra en France et il a bien accueilli cette proposition. »
Un éventuel voyage du pape François en France est à l’étude pour après l’élection présidentielle.
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